GRACE DE LA LIBERTE
Résumé :
La liberté est-elle le pouvoir souverain de dire oui ou non, d'aimer ou de ne pas aimer, de pécher ou de ne pas pécher ? S'il en est ainsi, remarque Anselme, lecteur d'Augustin, l'homme n'a nul besoin de la grâce, et la liberté ne peut plus être dite de Dieu. Aussi doit-elle être définie comme "le pouvoir de garder la droiture du cœur pour elle-même". En Dieu, elle est fidélité à une Alliance où Il dépasse toute idée possible de Lui ; en nous qui avons péché en Adam, elle ne peut s'exercer que libérée par le don de l'Esprit saint qui flue du coeur blessé de Jésus. Et, comme nous ne cessons de demander à son Père que cet Esprit nous vienne en plus grande abondance, le lieu de l'expérience de la grâce n'est autre que la prière où nous nous en remettons à la bonté plus que bonne de ce Dieu et Père. C'est pourquoi la terrible thèse augustinienne de la double prédestination des hommes au ciel ou à l'enfer est à rejeter, non seulement parce qu'elle enlève toute assise à la prière, mais parce qu'elle contredit la médiation de Paul, aux chapitres 9 à 11 de la lettre aux Romains, sur le mystère d'Israél, élu pour les Nations. Dieu n'est qu'"Amour" (1 Jn 4, 8), et son impossibilité de changer est plus forte et plus attirante que toute puissance absolue capable de faire n'importe quoi.