PIEGE DE L'ABONDANCE / L'ECOLOGIE POPULAIRE FACE A L'EXTRACTIVISME EN AMERIQUE LATINE
Résumé :
Centré sur la recrudescence de l'extractivisme (c'est-à-dire l'exploitation massive des ressources de la nature) en Amérique latine, cet ouvrage invite à replacer ce phénomène dans le contexte plus général d'une économie capitaliste mondialisée dans laquelle les flux des matières premières et des marchandises sont structurés autour d'un axe centres - périphéries. En effet, l'économie mondiale contemporaine se caractérise par une dissociation forte des lieux de production et de consommation, à laquelle s'ajoute une dissociation plus structurelle entre espaces d'extraction des matières premières et espaces de consommation. Les pratiques de consommation, dont les grands centres urbains sont les lieux privilégiés, s'opèrent ainsi dans les sortes de bulles protectrices que sont les magasins qui mettent en présence acheteurs potentiels et marchandises bien emballées dans un cadre policé, où nulle trace du passé / passif des marchandises ne doit subsister.Le premier objectif de ce livre est de donner à voir le passif de notre mode de vie et de nos habitudes de consommation en se focalisant sur la première étape des processus de production de marchandises - l'extraction des matières premières - et sur une région du monde - l'Amérique latine. Une telle démarche permet de réinscrire des pratiques de consommation apparemment inoffensives dans un cadre plus large en réassociant ce que le fonctionnement du système capitaliste tend au contraire à dissocier : centres et périphéries, plaisirs de la consommation et destructions de l'environnement, de cadres et de modes de vie. En effet, comme le mettent en évidence les différents textes de l'ouvrage, les populations riveraines des projets extractivistes (pétrole, mines, centrales hydroélectriques et parcs éoliens, mais aussi cultures intensives de soja) « paient pour d'autres » : ils ne bénéficient en rien des ressources naturelles extraites ou des grands travaux réalisés, destinés à des entreprises ou des consommateurs situés à des milliers des kilomètres, mais ils doivent en supporter toutes les conséquences négativesDe nombreuses luttes et mobilisations sociales cherchent à faire échec à la multiplication des projets extractivistes soutenus par les États. Alors qu'on a coutume d'affirmer que pays pauvres et individus pauvres ne manifestent aucun intérêt pour l'écologie, les textes réunis ici montrent le contraire : ceux qui sont les premiers touchés par les externalités négatives des projets de développement sont aussi les premiers à s'y opposer pour tenter de préserver les lieux de vie dont leur existence dépendCet ouvrage documente ainsi les deux versants d'un phénomène central de l'Amérique latine contemporaine : projets de « développement » et résistances, extractivisme et écologie populaire.